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BRICH59
17 septembre 2006

Dieu que les humains sont bêtes !

Quelle misère !

C'est comme l'histoire des caricatures : un épiphénomène déclenche une tempête qu'on tente de calmer ou pas mais en en restant au niveau de l'épiphénomène !

pape2Le Pape a déclenché une tempête en citant un texte du fin XIVème/début XVème, un texte où, dans une conversation avec un érudit de confession musulmane, un empereur chrétien affirme que, dans le Coran (2-256), "il n'est nulle contrainte en matière de foi" (le texte de l'allocution du pape est ), ce qu'on pourrait traduire, en langage d'aujourd'hui, en disant que la foi justifie tout en dernier recours, la foi, elle, n'ayant pas à être justifiée.
Les pédants et les philosophes diront que la foi transcende tout. Tout, c'est-à-dire aussi la "raison", qui,
comme dirait le bon vieux Kant, peut être "spéculative" (et alors elle cherche à déterminer les critères du vrai), "pratique" (et alors elle cherche à déterminer les critères du juste) ou "esthétique" (et alors et alors elle cherche à déterminer les critères du beau). Dire que la foi ne subit aucune contrainte, pas même celles de la raison, revient ainsi à dire que c'est la foi qui décide de ce qui est vrai, de ce qui est juste et de ce qui est beau. Galileo_GalileiL'occident chrétien a bien connu cette transcendance- là, qui a condamné G.Bruno, N.Copernic, G.Galilée etc. parce qu'ils avaient "raison" mais sans respecter le dogme établi qui, pratiquement, fondait la foi, parce qu'ils avaient raison contre la foi...
Mais là, on voit qu'on tourne en rond ! Car la bonne question est : qui a décidé du dogme. C'est, fondamentalement, tout le problème de l'écriture révélée qui gît en soubassement des trois grandes religions, la juive, la chrétienne et la musulmane (énumérées ici dans l'ordre d'apparition sur l'écran de l'histoire mondiale) : qui a décidé que tel(s) "livre(s)" était "Le Livre" ? La réponse est très (trop) simple si on a la foi : on répond que c'est Dieu qui a décidé etc. Mais alors comment tolérer que d'autres disent la même chose d'un autre dieu pour d'autres textes ? Elle est tout aussi simple si on est mécréant absolu ou athée intégral, mais alors la question change de quartier et glisse du côté des philologues et des historiens, où elle nécessite l'usage de la raison qui fonctionne selon ses propres normes internes, la raison autonome, la raison délivrée de l'emprise de la foi. Le travail fait dans les siècles passés sur l'histoire des texte de l'Iliade et de l'Odyssée a produit des résultats riches d'enseignements et devrait conduire les croyants à se poser la question : qu'est-ce que je fais de ce que je sais quand le savoir ne dit pas la même chose que ce que je crois, que ce à quoi l'autorité religieuse me contraint de croire ?

Bref ! Le problème n'est pas là aujourd'hui : il est dans la démesure des réactions à un discours qui parle des rapports entre foi et raison dans les termes de la philosophie chrétienne du premier Moyen-Âge (sujet scolastique s'il en est !) à aujourd'hui (sujet scolaire s'il en est !). Démesure en effet si on remet les choses en place, à leur place. Le Pape évoque donc cette problématique des rapports foi/raison, en soulignant, citation à l'appui, que la religion musulmane considère que la voix divine est supérieure à toutes les autres voix, fussent-elles celles de la raison. Mais, dans le procès de Galilée, par exemple, dans les menaces de tortures qu'il a proféré contre le savant, l'inquisiteur ne se disait-il pas détenteur de la voix divine ? Ne parlait-il pas au nom de Dieu et du Pape ? Ne jouait-il pas le rôle de "pro-phète" de Dieu, c'est-à-dire de celui qui parle au nom de Dieu ?

Reprenez votre bouquin d'histoire et regardez les "croisades" : n'est-ce pas au nom de la défense de la religion et in fine au nom de Dieu que la grande boucherie médiévale a été organisée ? Etc.

"La conviction qu'agir contre la raison est contraire à la nature de Dieu", prétend le Pape. On pourrait aller jusqu'à dire qu'il a raison, sauf que nous ne parlons pas, lui et moi, de la même raison.

Regardez, quand Bush déclare la guerre aux mécréants, n'invoque-t-il pas Dieu dans sa déclaration de guerre ? Et si le Pape n'a pas tort, Karl_Marxil nous faut trouver de quel argument de raison se sert Bush ?

Vous avez trouvé ?

Mais oui, mais c'est bien sûr : la raison économique, la raison pétrolifère par exemple...

Saint Marx, priez pour nous !



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