Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BRICH59
14 janvier 2006

De l'esprit d'entreprise (2)

suite de...

L'origine immédiatement visible du travail de cette notion de compétence clé est anglo-saxonne. Et quand on observe les mots anglo-américains utilisés pour désigner cette notion, on arrive à l'équation booléenne suivante :

(key OU core OU basic) (competences OU competencies OU qualifications OU skills)

  • competences / competencies / qualifications / skills

Par exemple, pour l'idée d'un ouvrier non qualifié, d'un manoeuvre, l'anglais dira "unskilled worker" ; pour l'ouvrier qualifié, il dira "skilled worker", l'ouvrier spécialisé étant un "semi-skilled worker". Le "multiskilled worker" sera le "travailleur polyvalent".

Ailleurs on parlera de "skill obsolescence" pour dire "qualification obsolète". Et la mise à jour, le recyclage professionnel, se dira "updating of skills". On a aussi "professional qualifications" pour "qualification professionnelle", et "recognition of vocational training qualifications" pour "reconnaissance des qualifications professionnelles"...

Quand nous parlerons de "pratique de communication", de "pratique de négociation" ou de "pratique de rédaction" et de la technicité qui va avec, l'anglais utilisera "skills" ("communication skills", "negotiation skills" ou "writing skills") là où l'espagnol s'appuyera sur l'idée de techniques ("técnicas de comunicación", "técnicas de negociación" ou "técnicas de redacción").

On voit qu'on n'est pas directement sur l'idée, complexe, de compétence...

On notera avec intérêt que l'espagnol "competencia" est équivalent à notre "concurrence" (on a ainsi "libre competencia" pour "libre concurrence" ("free competition"  en anglais) ; ou encore "obligación de no competencia", "restricción de la competencia", et "politica de competencia").

Enfin, il ne faut pas négliger le sens de compétence comme pouvoir ("répartition des compétences", par exemple, se dira "division of powers"  en anglais).

Très concrètement, la Commission (groupe de travail créé en 2001 dans le contexte du programme de travail Éducation et formation 2010) a opté pour le terme français "compétence" - pour ce qu'il renvoie à une combinaison d’aptitudes, de connaissances et d’attitudes (appropriées à une situation donnée).

  • basic skills/key competences/core skills

Pour traduire "key competences", la CE propose "compétences de base", comme en témoigne le document du 18 novembre dernier, Proposition de RECOMMANDATION DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL sur les compétences clés pour l'éducation et la formation tout au long de la vie, qui précise (note 1) :

« On entend généralement par 'compétences de base', l'aptitude à la lecture, à l'écriture et au calcul; le Conseil de Lisbonne a appelé à y ajouter les nouvelles compétences nécessaires dans une société de la connaissance, comme la maîtrise des TIC et l'esprit d'entreprise. »

Globalement, il s'agit des "competencies for living and participating in society", si l'on reprend une formulation du EAEA qui expliquait en mars 2004 :

« The EAEA invites applications for the 2nd Grundtvig Award contest with the theme: Basic Skills / Key Competences ( i.e. key competencies for living and participating in society).

These key competencies are the "traditional" skills of literacy and numeracy, and include the new ICT skills; communication in the mother tongue and in a foreign language. Equally important are interpersonal and civic competences, basic competences in science and technology, learning to learn, etc. »

Lue quelque part cette expression : "basic skills in the sense of key competences for life" (NGO platform on Future Objectives of Education and Training Systems in Europe: EUCIS (European Civil Society) - programme de 2001).

Très concrètement, la Commission (groupe de travail créé en 2001 dans le contexte du programme de travail Éducation et formation 2010) a opté pour l'expression française "compétence clé", pour définir les compétences nécessaires à tous - ce qui, précise la Commission, couvre donc le concept de «compétences de base», mais va au-delà de celui-ci.

Tout ceci est à mettre, bien sûr, en relation avec la terminologie française développée depuis les années 70/80, notamment autour de l'expérimentation des Unités Capitalisables avec les "capacités transversales", puis dans les années 80/90, notamment autour de la "qualification sociale", enfin plus récemment avec l'idée de "savoirs de base" et celle de "socle commun".   

Quand je dis mettre en relation, je veux marquer qu'il ne saurait y avoir assimilation pure et simple. En fait la simple mise en relation est déjà très complexe, étant donné les origines et les significations profondes de chacune de ces expressions...

  • compétences transférables ?

On parle aussi beaucoup d'horizontalité ; cf. la "nature horizontale" de l'esprit d'entreprise ; cf. aussi l'idée d'une "catégorie d'emplois transversale/horizontale (NTIC, marketing ou ressources humaines)" ; cf. les "« éléments horizontaux » tels que la réflexion critique, la créativité, la dimension européenne et la citoyenneté active".

à suivre


Publicité
Publicité
13 janvier 2006

Péché originel : au placard !

p_ch__originel__d_tails_Je n'ai jamais trop cru à l'histoire du péché originel tel que la Bible nous le narre... Mais je crois dur comme fer au péché congénital de la bibliothéconomie !
Le péché originel de la documentation et de la bibliothèque, c'est que ces services sont trop souvent et systématiquement pensés par les hiérarchies comme des placards plus ou moins sympathiques. Avant que ne se généralise la formation initiale diplômante dans ces filières, c'est bien dans ces services qu'on mettait les incapables qu'on ne peut virer purement et simplement, les recyclés d'office. Combien de documentations d'établissements scolaires ont été animées par des enseignants qui avaient perdu la compétence didactique et le goût de la relation pédagogique ! Ce qui bien sûr est absurde eu égard aux compétences attendues des documentalistes... Ceci dit, nombre de services documentation sont nés ainsi, parce qu'il fallait caser un(e) "incapable", parce qu'il fallait trouver un placard. C'est l'impact positif du péché originel... si tant est que les gens se sont formés aux techniques documentaires ensuite ! Bref, reste que nous, documentalistes, bibliothécaires, avons tous été témoins un jour ou l'autre des dégâts causés par ce péché originel de la bibliothèque-documentation.
On pourrait penser que le développement de l'offre de formation qualifiante dans notre secteur montre que le péché originel est périmé et interdise ce type de pratique de placardisation documentaire ou bibliothécaire ! Eh bien non ! Pas dans la grande muette ! lemondeRegardez cette histoire des deux adjudants qui, si l'on en croit Le Monde paru ce soir (en bas de la page 11), « viennent d'assigner leur commandant de groupement en justice pour "harcèlement moral". S'estimant "placardisés depuis des mois", "affectés à des tâches ridicules et sans rapport avec leur qualification", "isolés du reste du service" [...] ». Je passe sur leur triste histoire. Mais devinez comment s'est concrétisée la placardisation de l'un des deux sous-officiers... Dans le mille ! On l'a mis à la bibliothèque ! Si si : pour le punir on lui a proposé un poste de bibliothécaire...

Sans commentaire et le doigt sur la couture du pantalon ?


12 janvier 2006

De l'esprit d'entreprise (1)

Les compétences clés pour l'éducation et la formation tout au long de la vie. Tel est le nouveau thème de la politique éducative européenne. Ça fait même un bout de temps que cette thématique traîne dans les tiroirs des experts européens... En novembre dernier la commission a sorti une "recommandation", pardon, une "proposition de recommandation" qui veut faire le point là-dessus...

Dans l'argument d'un forum organisé par l'OOFP (Office d’orientation et de formation professionnelle) helvète en mars 2003, on peut lire ceci: Les compétences sont à la mode: tout le monde en parle. Les définitions abondent. Certains en ont même recensé 200! C’est dire l’importance des compétences en cette période de récession économique sur fond de nouvelles formes d’organisation du travail et de nouvelles technologies. La compétence est devenue un enjeu pour se positionner sur un marché de l’emploi difficile et défendre son employabilité. Aujourd’hui émerge un nouveau concept: celui des compétences-clés, qui sont essentielles pour réussir sa vie personnelle et professionnelle. Quelles sont ces compétences-clés? Comment les identifier? Comment les reconnaître? Et surtout comment les évaluer? Sur quels critères, pour quels résultats, avec quels outils?

Aujourd'hui on peut dire de l'expression "compétences clés" que c'est:

  1. une notion linguistiquement assez floue (problèmes de stabilité lexicale, et problèmes de traduction);

  2. une notion européenne, située au croisement pas toujours immédiatement visible de différentes problématiques politiques, où la politique emploi assujettit à la fois la politique sociale (on évoque la "viabilité à long terme du modèle social européen" [¿ c'est quoi le "modèle social européen"?]) et la politique éducation.

à suivre


11 janvier 2006

Racaille ?

05/01/06
Le TGI de Paris condamne l’usage du terme « racaille » sur internet

sosfrance_2_agrandissementLe mot « racaille » n’est pas un terme neutre qui peut impunément être employé sur internet. Dans un jugement très motivé du 24 novembre 2005, la 17ème chambre du TGI de Paris vient, à nouveau, de rappeler que la liberté d’expression connaît des limites. Il a condamné le directeur de publication du site « sosfrance.com » pour diffamation, injure publique et provocation à la discrimination nationale, raciale et religieuse. Bien que le responsable éditorial ne soit pas l’auteur intellectuel des textes en question piochés sur internet, le tribunal rappelle « qu’il a pris la responsabilité d’une nouvelle diffusion en les mettant en ligne, selon une présentation de son choix, sur son propre site ».
Il lui était notamment reproché d’avoir publié des textes dont certains passages prêtaient aux musulmans « un dessein criminel de nettoyage ethnique ou religieux dans le pays de leurs hôtes ». Il a également été sanctionné pour avoir diffusé sur la page d’accueil du site plusieurs slogans dont le fameux « Assez de racailles. Résistance ». Pour caractériser l’utilisation de cette invective de délit d’injure, le tribunal s’est appuyé sur les définitions des dictionnaires Littré et Robert du terme « racaille ». Il en a conclu qu’il était « performatif » et que son seul emploi créait « la proscription ». Le tribunal a également pris en considération l’environ- nement dans lequel il était placé. « Inséré dans la bannière d’accueil d’un site tout entier consacré à l’islam et aux musulmans et associé à une photographie représentant deux jeunes femmes voilées, il désigne, offense et outrage les musulmans en tant que tels, et porte une atteinte indistincte aux personnes, non pour ce qu’elles seraient, individuellement prises, mais à raison de leur religion ».
Le responsable de publication condamné n’a pas fait appel du jugement qui devient donc définitif. Il a été condamné à trois mois de prison avec sursis et à verser deux mille euros à la Ligue des droits de l’homme au titre des dommages et intérêts et de l’article 475-1 du code de procédure pénale pour les frais de justice engagés.

reprise [sans commentaire mais c'est moi qui souligne] de http://www.legalis.net/


11 janvier 2006

L'ActIonaute de Janvier

l'ActIonaute ©Amnesty International               Janvier2006

 mensuel d'information et d'action du site Internet d'Amnesty-France

est paru. Si vous n'y êtes pas abonné, vous pouvez le lire à

http://v2.lkmgr.com/1136800002331307/1136887968478474


Publicité
Publicité
10 janvier 2006

Marché du travail ou Marché de la norme et de la précarité ?

observin_galit_sMalgré une amélioration du marché du travail depuis plusieurs mois, le nombre d’allocataires du RMI est en augmentation de 6 % sur un an en métropole. Si on inclut les DOM, ce sont quelques 1.243.000 allocataires (+5,2% en un an) qui bénéficient de ce minimum social. Cette évolution semble s’expliquer principalement par la croissan- ce du nombre de chômeurs non indemnisés, notamment du fait de la réduction du taux de couverture de l’indemnisation chômage. C'est ce que note l'Observatoire des inégalités... dont on ne recommandera jamais assez la fréquentation
(voyez dans la colonne de droite de cette page).

Sauver l'emploi en précarisant l'emploi,
voilà donc ce que notre bon libéralisme
a trouvé comme solution
aux problèmes de notre société.

desbrussesDans une société où le manque de travail est un fléau, comment faire entendre qu’on en a un et qu’on est malheureux comme les pierres, sans être accusé d’indécence ou de douilletterie? C’est pourtant ce que réussit Louise Desbrusses, dans un roman poignant, rempli de vitalité et d’ironie, L’argent, l’urgence : l’histoire d’une jeune travailleuse indépendante habituée à la solitude bienheureuse de son atelier, mais qui, étranglée par les dettes, accepte un emploi, et découvre avec horreur la non-vie qui, pour la majorité de ses semblables, constitue la norme de l’existence. Dans une écriture au style singulier, elle décrit la détresse déchirante qui s’empare d’elle, puis sa bataille pour récupérer la jouissance d’elle-même, en surmontant le chantage, les normes et les injonctions plus ou moins subtiles que lui opposent son entourage et la société entière. C'est ainsi que Mona Chollet présente le livre de Louise Desbrusses dans Périphéries dont je ne recommanderai jamais assez la fréquentation.

Survivre en se moulant,
survivre en s'oubliant,
voilà donc ce à quoi notre bon libéralisme
contraint les personnes qui ne veulent pas mourir.

Pauvres de nous !


9 janvier 2006

L'habitude nous joue des tours, nous qui pensions...

cassationMe vient souvent en tête cette chanson de Maxime Leforestier de quand j'étais jeune... Belle chanson, mélancolique à souhait et si juste dans son propos (La rouille, paroles de Jean-Pierre Kernoa). Et puis la musique et la voix de Maxime Leforestier !
Bref. Ce n'est pas pour ça que je prend la souris et le clavier ce matin.

Voilà ce qu'on pouvait lire dans Le Monde de ce week-end :
lemonde060108_p8« Le premier ministre n'a pas apprécié de découvrir, vendredi 6 janvier en début d'après-midi, dans Le Monde (daté du samedi 7 janvier), le discours que le premier président de la Cour de cassation, Guy Canivet, devait prononcer, en sa présence, un peu plus tard dans la journée, à l'occasion de la rentrée solennelle de l'institution. Un geste d'"inélégance" que, dès son arrivée, Dominique de Villepin a reproché en privé à M. Canivet, en lui annonçant, d'une part, que, contrairement aux usages, il prendrait la parole à l'ouverture de l'audience et en lui demandant, d'autre part, d'écourter la lecture de sa propre intervention.»

Traditionnellement invité à l'audience solennelle de rentrée de la Cour de cassation, le chef du gouvernement ne s'y exprime normalement pas. Usage unilatéralement rompu ce vendredi. Pour justifier son entorse à cette coutume républicaine, "Monsieur de" a avancé cet argumentaire : « Je ne suis pas un homme d'habitudes. Nous ne sommes pas dans un temps d'habitudes. Nous sommes dans un temps de grand changement ».
Ça y est, nous y voilà ! Encore cette incantation vide et creuse du progrès, du changement...
esprLecteur fidèle, souviens-toi de ce que peuvent dire des gens comme jean Duvignaud ou François Brune de ce genre d'incantation... L'argument de la nouveauté, de l'innovation, du changement, du progrès etc. est une litanie qui demande le blanc-seing universel, le chèque en blanc totalitaire. Ce n'est tout simplement pas un argument. Juste un coup de force, un "diktat" aveugle.
Montesquieu, reviens ils sont toujours aussi fous !
Je crois sincèrement que les hommes politiques nous prennent pour des cons. J'en suis convaincu depuis fort longtemps, depuis que j'ai compris que toute rhétorique politique demande à être validée par le marketing. Ce qu'Hitler avait bien compris... Si je vais au bout de mon idée, l'acclamation politique des dictateurs n'est possible que parce que nous sommes des cons ? Des cons manipulés par la technique de la manipulation dont l'objectif est de les rendre encore plus cons... c'est-à-dire politiquement toujours plus dociles et démographiquement toujours plus nombreux. J'ai l'impression de faire du Brassens !

brassensLe temps ne fait rien à l'affaire
Quand on est con, on est con
Qu'on ait vingt ans, qu'on soit grand-père
Quand on est con, on est con
Entre vous, plus de controverses
Cons caducs ou cons débutants
Petits cons d'la dernière averse
Vieux cons des neiges d'antan

Vous connaissez la chanson, alors j'arrête.

L'épisode de vendredi a suscité la protestation immédiate du Syndicat de la magistrature - qui voit là un « événement sans précédent symptomatique de la volonté de mainmise du pouvoir exécutif sur la magistrature ». Le président de l'Union syndicale des magistrats, Dominique Barella, s'est autorisé, lui, à ironiser sur « une tempête dans un verre d'eau » et une « petite révolution de palais de justice ». C'est du moins ce que rapporte LCI=TF1.
Si ce n'est que ça, les dictateurs peuvent dormir tranquilles ! LCI=TF1 les préviendra quand il y aura péril en leur demeure.

Tant qu'il y aura des cons... 


4 janvier 2006

Histoires de richesse-s

canard_enchaine1Aujourd'hui mercredi, c'est le jour du Canard. Page 3, je lis que les patrons ont réalisé des grosses plus-values en jouant à la Bourse (stock-options...), que, de ce point de vue, 2005 est une exceptionnelle année... Cabu illustre ça avec une patron jouflu qu'on gave comme une oie, mais avec des billets et se réjouis de n'être "même pas malade"... Ceci corrobore une partie de la plainte de Jean-Jacques Dupeyroux dont je parlais ce matin (tiens ! Le Monde en a parlé cet après-midi...).

anlciTout à l'heure au boulot, j'ai reçu les actes de la rencontre internationa- le francophone organi- sée par l'ANLCI - Agence Nationale de Lutte Contre l'Illettrisme (organisme mis à mal par les réactions politicardes de courte vue du gouvernement aux "violences" des banlieues d'avant les fêtes !) - début avril dernier. Des actes sympathiques avec un CD-Rom contenant les textes qui font actes et un DVD qui propose de la vidéo filmée lors de la rencontre...

Aussitôt rentrée chez moi, je glisse le DVD dans mon lecteur de salon et écoute religieusement Nelly OLIN, Ministre déléguée à l’intégration, à l’égalité des chances et à la lutte contre l’exclusion. Ce que j'ai visionné est exactement ce que les participants à la rencontre ont visionné début avril : Madame la Ministre n'avait pas pu se déplacer et avait donc enregistré son message aux acteurs de la lutte contre l'illettrisme.

Alors que je suis encore tout imprégné de ma lecture du Canard et de ce que je vous ai écrit ce matin, mes neurones font un bond quand j'entends Madame la Ministre dire que

la richesse d’un pays,
ce sont avant tout les hommes et les femmes
qui le composent
!

Bon ! À un autre endroit des actes, mes neurones s'entrechoquent carrément quand je lis qu'Azouz BEGAG (simple écrivain et chercheur au CNRS, à l'époque) prétendait, lui, que

la richesse ne s’exprime pas dans un compte en banque,
mais dans l’accès à la bibliothèque
et au monde des livres pour les tout-petits
.

begagNous y voilà donc ! Pour quelqu'un qui se plaindra quelques mois plus tard, quand il sera ministre délégué à la Promotion de l'égalité des chances, de la "sémantique guerrière" de son collègue deuxième ministre, je trouve qu'il y va un peu fort côté rhétorique ! La polysémie recherchée du terme 'richesse', et exhibée par Monsieur Begag, a ici quelque chose d'inconvenant, quand on connaît le déclin du niveau de vie des français d'en bas ! On se croirait dans un conte style prince et bergère ! Ce serait bien que les ministres cessent de nous raconter n'importe quoi et de nous prendre pour des gens sans jugement ! À les écouter, il y aurait, en gros, plusieurs richesses : celle des riches, celle du Pays, celle des pauvres... Comme ça tout le monde est riche, même les pauvres, et les riches sont contents !

riches_contre_pauvres1

Dessin emprunté à http://perso.wanadoo.fr/barnnibal/Autres%20dessins.htm


4 janvier 2006

Un nouveau droit du travail et de l'emploi

"Un nouveau droit du travail et de l'emploi", numéro spécial (décembre 2005) de la revue Droit social, dirigée par Jean-Jacques Dupeyroux, directeur de la revue, qui note en introduction :

revue_droit_socialÀ l'heure où les actionnaires sont les maîtres du jeu, au moins dans les grandes entreprises, et où ceux qu'ils placent à la tête de ces entreprises sont les gérants dociles de leurs seuls intérêts financiers, le monde du travail, dont le chômage, la précarité, le sous-emploi défont la capacité de résistance, risque d'enregistrer défaite sur défaite. Avec au bout la situation américaine avec ses working poor (travailleurs pauvres) : ils ont un emploi mais couchent dans la rue... L'horizon est noir.

Déjà, dans la livraison de mars dernier, cette revue avait publié une contribution de Jacques Rigaudiat : "À propos d'un fait social majeur : la montée des précarités et des insécurités sociales économiques"... dont rendait compte Laurent Mauduit dans l'édition du 07 avril 2005 du Monde, avec un papier intitulé "Les nouvelles métamorphoses de la question sociale"...

Mais tout ça, c'était avant les vœux de monsieur Chirac !


2 janvier 2006

Bonne année 2006 pour la musique !

À La Chapelle des Flandres, l'année 2005 aura été musicalement fructueuse. 2006 s'annonce productrice de nouveautés - et pas seulement musicales.

Si l'on s'adonne au jeu classique du rétroviseur annuel, on voit que 2005 aura été gouverné par deux volontés fortes, toutes deux centrées sur la restitution musicale : travailler encore et toujours Josquin des Prés et travailler la forme même du concert. 2005 aura été aussi l'année de naissance de Biscantor!, chœur régional de jeunes, visant à restituer dans son fonctionnement les chapelles franco-flamandes du XV° siècle. 

  • Travailler JOSQUIN
    comme on travaille une pâte riche en levain

voeux2006_01_1024_1Cela fait un bon nombre d'années que l'association La Chapelle des Flan- dres, avec ses deux ensembles Métamorpho- ses et Cœli et Terra, travaille à restituer ce joyau de la musique franco-flamande que constitue l'œuvre du très fameux "Maître des notes" comme disait Luther. Ces messes notamment font ainsi l'objet d'un soin tout particulier. pho1_183569Cette musique partage avec celle de JS Bach la caractéristique d'être à chaque fois un système architectural. Le dialogue des voix (contrepoint) est y immédiatement spatial et chaque nouvel argument de l'une des voix fait évoluer la construction dans son ensemble. Écoutez un des Motets de Bach les yeux fermés... et vous verrez les voix discuter entre elles. Écoutez tel Agnus de Josquin... il en sera de même.

superius_et_le_contratenor__encadrant_le_cantus_firmus2Mais il y a aussi l'homme Josquin, dans son temps, temps de renaissance comme disent les historiens, temps d'innovation aussi. 1440-1521 : Josquin aura vécu plus de quatre-vingts années de cette période riche en invention - dont celle de l'imprimerie, et de l'imprimerie musicale - mais aussi période riche en guerres et autres œuvres de mort. La première victoire du jeune roi François 1er, la première année de son règne, la trop fameuse Bataille de Marignan - présente dans l'imaginaire historique collectif des Français [1515 !] -, n'a-t-elle pas été acquise à un terrible prix : 16.000 morts en quelques heures (du jamais vu !) ?   À la fin de sa vie, le Maître a-t-il entendu l'appel d'Érasme de Rotterdam pour la paix (Querela pacis undique gentium ejectae profligataeque) ? Période contrastée donc, où il était passionnant de situer Josquin, non seulement sur le plan musical, mais aussi sur le plan dramatique: c'est l'enjeu de Nymphes des Bois, théâtre musical, création de Maurice Bourbon et Philippe Jacquier, réunissant musiques franco-flamandes et du XXI° siècle, qui sera donnée en 2006 dans notre région.

  • Travailler la forme même du concert

voeux2006_02_1024_1Avec Josquin ou Bach, on touche fatalement la question des rapports entre espace, temps et matière. Ces trois éléments - que la théorie de la relativité a articulés il y a un siècle - sont la matière première des musiciens depuis la nuit des temps...

L'idée est simple : la musique est un art qui fonctionne sur la répétition (sujet/contre-sujet, thème/variations, cellules rythmiques, reprises, etc.), mais un art qui n'existe que "concrétisé" dans une "re-présentation", toujours la même et toujours différente... Cette re-présentation, cette concrétude inscrivent la temporalité de la répétition - qu'on peut concevoir in abstracto - dans l'espace hic et nunc de la représentation. L'organiste par exemple, interprétant telle toccata de JS Bach, devra "composer" non seulement avec la qualité de l'instrument qu'il a sous les doigts (choix des jeux, notamment), mais aussi avec l'espace où le son va se déployer (choix de l'articulation des doigts, notamment).

L'ensemble vocal est un instrument certes et le chef de chœur est comme l'organiste. Mais un ensemble vocal, ça bouge, c'est un groupe de personnes qui ont de la voix, mais qui sont sur leurs jambes...

condition_publiqueCœli et Terra a expérimenté cette réalité pour la première fois en septembre dernier, lors des journées du patrimoine. C'était à Roubaix, à la Condition Publique. Souvenez-vous : l'ensemble vocal se déplaçait de la scène vers l'allée centrale, pour finir dans la grande salle, jouant des résonances des lieux, jouant même du mouvement des spectateurs...

Et, pour remplacer la continuité statique du groupe sans autres mouvements que celui des lèvres et celui des yeux, le directeur artistique de La Chapelle des Flandres, Maurice Bourbon, a imaginé d'instituer un fil vocal continu... Le concert s'entend alors dans un souffle ininterrompu où chatoient les sons concrètement déterminés, où s'entrecroisent les mélodies diaprées et où savent renaître les accords au bout de la respiration.

lille__11L'intervention de l'ensemble Cœli et Terra le 22 décembre au Palais des Beaux-Arts de Lille a été de ce point de vue très significative. Et le public a été transporté par cette succession d'histoires racontées en chantant, par ces accords mou- vants qui soudain habitaient l'atrium du musée, par toute cette musique enfin aérienne et emplissant l'espace comme en dansant.

Une musicalité qui restitue des chefs-d'œuvres des anciens et nouveaux maîtres de musique, mais qui restitue, dans le même mouvement, les reliefs sonores de l'architecture des lieux où elle se déploye aujourd'hui.

  • Une projection pour 2006

Dans la droite ligne de la tradition musicale franco-flamande, la rumeur prête à Cœli et Terra et à Biscantor! deux créations de messes, dont l'une sur un thème populaire, et à Métamorphoses l'enregistrement d'un CD Josquin. Mais chut...

Bonne année musicale !


Publicité
Publicité
<< < 1 2
Publicité
Archives
Visiteurs
Depuis la création 261 366
Publicité