Tension en métaphore
Homo homini lupus, écrivait Hobbes (1588-1679), par une métaphore bien connue, reprise de l'Asinaria de Plaute : l'homme est un loup pour l'homme (dans son De cive, Epistola dedicatoria, en 1642).
Sauf que, écrivait Érasme (1467 [ou 69?]-1536) en 1516 dans sa Querela Pacis - c'est-à-dire quelques mois après l'horrible bataille de Marignan - la concorde des loups est prover- biale (luporum concordiam etiam prouerbia nobilita- runt), déjà mise en avant par Aristote (dans l'Éthique à Nicomaque) et Horace (septième des Épodes).
Hobbes se serait donc trompé ? Pas du tout !
Disant que l'homme est comme un loup pour l'homme, le philosophe anglais veut seulement, mais sans le dire, insister sur la différence entre la communauté des hommes et celle des loups. Dans la première règne la discorde, dans la seconde la concorde. Le loup affamé est dangereux pour l'homme, peut-être, mais jamais pour le loup. L'homme, affamé ou non d'ailleurs, est dangereux pour l'homme...
La métaphore est une tension où,
sous le ruissellement d'une ressemblance,
coule une différence.