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BRICH59
17 octobre 2005

Impertinence et réenchantement...

medef_univ_t_1Il y a quelques semaines, Madame Parisot du MEDEF disait vouloir réenchanter le monde. C'était lors de son Université d'été à Jouy-en-Josas. Et nous nous devons d'y attacher de l'importance, car, disait la dame en ouverture, "l’Université d’été du MEDEF crée un métissage des genres et un brassage des idées unique en France. Elle traduit ainsi l’intérêt et l’implication des entrepreneurs dans les enjeux de notre société, leur soif de comprendre, leur ambition de faire évoluer les choses." Soit.

Le devoir du MEDEF, dit-elle ensuite, est "aussi de s’ouvrir toujours plus à la société civile et de dialoguer avec tous ses acteurs sans esprit partisan, sans parti pris ni défiance, sans autre idéologie que celle de l’action et de la réussite. La réconciliation de la France et de l’entreprise est notre espoir et notre but, l’art de convaincre en sera le moyen."

Là, juste deux remarques impertinentes, pour vérifier si j'ai bien compris et questionner plus avant :

  1. société civile ? Tiens ! Je croyais que les entreprises et leurs chefs faisaient partie de la société civile ? Étonnant, non ! Pour moi, dans ma petite tête, 'civil', ça s'oppose à 'militaire' d'abord, puis plus récemment à 'politique' au sens de celui qui fait une "carrière politique". Or, dans la mesure où, sauf par artifice de type littéraire ou religieux, on ne peut "s'ouvrir" qu'à ce qui est hors de soi, comment le MEDEF pourrait-il s'ouvrir à ce dont il fait partie ? Cela voudrait-il dire que le MEDEF se considère comme une partie à part de la société civile ? Question : en quoi le MEDEF est-il à part de la société civile dont pourtant il fait partie de droit ?

  2. sans esprit partisan, sans parti pris ni défiance, sans autre idéologie que celle de l’action et de la réussite ? Ah ! Ainsi donc , si j'en crois Madame Parisot, le MEDEF, c'est-à-dire les employeurs réunis, n'aurait pas de point de vue sur le monde, sur le monde économique, sur le monde du travail ! Pour moi, dans ma petite tête, le partisan, c'est celui qui manifeste son appui à une équipe sportive par exemple, ou alors quelqu'un qui roule pour une idée (partisan du libéralisme, par exemple) ; parti-pris, ajoute l'idée que le partisan a une pensée qui fonctionne exclusivement sur des a priori, c'est-à-dire sans aucune prise en compte de l'expérience des choses, sans possibilité de mise en question des a priori, une pensée de partisan refermée sur elle-même, sur ces certitudes (l'acception comptable de 'parti-pris' va plus loin : le parti-pris produit de la falsification) ; sans défiance, je le cromprends comme une insistance : la défiance serait ce qui caractérise le comportement du partisan qui a du parti-pris systématique et se méfie de tout le reste - que de toutes façons il ne veut pas prendre en compte sauf que le reste s'impose à la vue etc. (par ailleurs, je me demande pourquoi Madame Parisot dit ici 'défiance' alors qu'on attendrait plutôt, en français commun, 'méfiance' ; peut-être pour la consonance avec 'défi', mot qui relève d'une idéologie du battant et de la battante ?)   
    Bon ! jusque-là, rien que d'habituel dans le discours de ceux qui ont le pouvoir réel (à distinguer du pouvoir nominal, qui serait celui du corps politique [?]) mais font comme s'ils étaient ouverts à la discussion même si, en dernier ressort, c'est eux qui décident. Après vient le problème de
    sans autre idéologie que celle de l’action et de la réussite : ça, c'est le genre de bout de phrase qui me fait bondir, pour la mauvaise foi et le jésuitisme qui s'y déploient en douce !   
    Première question bête : alors ça veut dire que les autres (ceux qui ne font pas partie de la corporation des employeurs réunis) prôneraient une idéologie de l'inaction et de l'échec ? Bon !   
    Passons à la seconde question : ça veut dire quoi exactement "idéologie de l'action et de la réussite" ? J'attends les explications de Madame Parisot, et on en reparle (j'ai déjà plein de choses à dire mais je préfère attendre d'être bien renseigné !)...

Mais revenons pour l'heure au réenchantement du monde.
J'ai juste un petit problème de compréhension : comment la "patronne des patron(ne)s", comment la porte-parole de la corporation des employeurs réunis peut-elle, sans pouffer rire, dire qu'elle veut réenchanter le monde alors qu'elle et ses ressortissants font tout ce qui est en leur pouvoir réel pour payer le moins possible l'heure travaillée par les autres qu'eux ? Je suspecte là comme une impertinence (au sens où il n'y a pas de pertinence, dans un premier temps) dans les propos de Madame Parisot. Car ne peut-on penser que si les salaires étaient plus dignes, la pauvreté ne serait pas ce qu'elle est et le monde serait un peu moins désenchanté ? Et comme je ne crois pas que la porte-parole de la corporation des employeurs réunis manque de logique à ce point, je pose la question autrement : n'y aurait-il pas dans les propos du MEDEF une réelle impertinence, mais, cette fois-ci, au sens où le MEDEF se moque de nous ?

Ce lundi 17 octobre, journée du refus de la misère, je crois qu'il était utile de rappeler ces propos du MEDEF, qui n'en prennent que plus de relief et ... d' impertinence !


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