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BRICH59
16 août 2004

Le Goeyvaerts Consort a chanté Arvo Pärt (Kanon Pokajanen)

 
Hier soir, dimanche 15 août, j'ai assisté à un concert du Goeyvaerts Consort (dir. Marc-Michaël De Smet) dans l'église de Bever (Biévène), dans le Pajottenland, à quelque 20 km à l'Est de Bruxelles. L'ensemble n'a donné qu'une seule pièce. Mais laquelle ! C'était le splendide Kanon Pokajanen (Canon de Repentance) de Arvo Pärt.
Quelle découverte pour moi, qui ne connaissais pas cette partition ! Deux heures d'une musique d'un souffle incroyable, une série d'odes composées de séquences construites dans la tradition liturgique orthodoxe russe, dont trois séquences reviennent régulièrement, comme pour ponctuer la prière, pour marquer le temps...
L'ensemble vocal entre en entonnant en boucle l'une de ces trois séquences, lancinante, simplissime et belle, puis se dispose en cercle : les vingt-huit chanteuses et chanteurs tournent le dos au public, se regardant les uns les autres (le chef est dans le centre mais pas au centre) et poursuivent ainsi tout le concert : un cercle de corps tournés vers le centre, marqué par une bougie - celle que le chef portait en arrivant; cercle de vingt-huit corps chantants à l'intérieur d'un plus grand cercle de bougies - celles que les chanteurs portaient en arrivant...
Au début, ce dispositif m'a quelque peu rebuté, moi qui ai l'habitude de chanter face au public...
Peu importe, je fus vite pris dans la polyphonie de ces voix superbes, aux timbres si riches en grave, des voix travaillées, puissantes et rondes, comme polies par la patine de l'art. Mais surtout des chanteurs si engagés dans le geste vocal que l'auditeur qui se voyait spectateur exclu au début du concert se sent peu à peu à l'intérieur du cercle : l'engagement vocal vous transporte littéralement à l'intérieur du souffle musical, dans le cercle des chanteurs. Magique.
J'aurais juste, quelquefois, aimé que l'ensemble vocal aille plus loin dans les p. Pour moi, aussi loin que remontent mes souvenirs musicaux, la liturgique orthodoxe russe tient une part de sa force dans les contrastes de dynamique : la déclamation fff est suivie d'un ppp toujours dans le souffle déclamatoire... Hier, à certains moments de la déclamation de repentance, j'attendais des ppp voire des pppp. Rien de cela les p  n'étaient que des  mp... Ah ce dernier "amen" (ou plutôt "amin"), s'il avait été pppp ! Bref, la palette des dynamiques mobilisées m'a semblé trop restreinte.
Mais ceci n'est qu'un détail qui tient plus à mon esthétique personnelle qu'à la qualité musicale de l'ensemble vocal que j'ai entendu hier soir. Ce matin, je suis encore bercé par Arvo Pärt, qui chante comme dans un souffle au loin mais dedans. Et si cet ensemble vocal redonne cet Arvo Pärt, j'y cours !

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13 août 2004

Jeux Olympiques et Démocratie : de la justesse de l'information...

   

Fidèle lecteur du Monde diplomatique - tout simplement parce qu'il est une des rares publications tout public à nous ouvrir intelligemment (c'est-à-dire en posant les bonnes questions) sur le monde, je viens de lire l'article de José Saramago (« Que reste-t-il de la démocratie ? », livraison d'août 2004, p.20).

 
 
 

Juste une réaction, une petite réaction, quasi épidermique mais ancienne, réactivée par l'écrivain portugais...

 
 
 

En préambule, Monsieur Saramago cite ce bon viel Aristote au sujet du principe démocratique, et plus précisément du rapport entre le peuple pauvre et les riches du point de vue du pouvoir politique. Fort bien. Mais ce qu'on oublie - encore une fois et c'est peut-être cette répétition qui m'irrite -, c'est que, lorsqu'Aristote ou Platon ou Thucydide parlent de l'assemblée démocratique des citoyens, ils ne désignent pas l'ensemble des femmes et des hommes vivant dans la cité : ils en excluent les femmes (plus ou moins fantasmatiquement situées au rang animal) et surtout les esclaves (très concrètement considérés comme des objets). Et l'on sait que les citoyens ne représentaient qu'une toute petite partie de la population. C'est au sein de cette petite part démographique que la distinction aristotélicienne fonctionne... Voilà qui réduit fortement la portée du préambule de José Saramago. Mais là n'est sûrement pas le coeur de sa démonstration.

 
 
 

Eh puis, mettons cela sur le compte de l'approximation ! Tout le monde n'a pas étudié l'histoire et la philosophie grecque ancienne... Reste que quand on cite, quand on prend exemple, mieux vaut connaître la source et son environnement.

 
 
 

C'est comme ce titre à la Une de La Voix du Nord de ce vendredi 13 août 2004 : Les Jeux de retour sur l'Olympe, immédiatement suivi (le titre) de ce texte: « Acclamée dans toute la Grèce, la flamme olympique est arrivée hier soir sur l'Acropole ». Le problème, c'est que l'Olympe est une montagne qui n'est pas du tout à Athènes (oui oui : l'Acropole est à Athènes!). Allez dire, si vous l'osez, à Aristote, Platon ou Thucydide que l'Olympe est à Athènes et vous verrez, si vous le pouvez, leur tête déconfite qui se détourne d'un fou ou d'un innocent.

 
 
 

 

 
 
 

[merci à Michelin pour le petit extrait publié ci-dessus]

 
 
 

Tout cela mérite un petit détour historien.

 
 
 

Les Jeux Olympiques sont nés dans la nuit grecque des temps (on hésite sur la date, située entre le Xème et le VIIIème siècles avant-JC.) et le fait qu'ils soient précisément Olympiques, c'est-à-dire qu'ils aient lieu à Olympie, n'est pas neutre. Le lieu des JO disposait d'un statut d'inviolabiblité et les cités grecques perpétuellement en guerre les unes contre les autres s'y retrouvaient pour le sport, toute activité militaire cessante. Rappelons que les JO finirent par être une des manifestations clés du panhellenisme où les cités rêvaient d'un monde sans guerre entre grecs...

 
 
 

Confondre Olympie et Athènes revient ainsi à annuler cette histoire d'un rêve de paix "internationale", ou plutôt interhellénique. Ce serait dommage, non ?

 
 
 

D'ailleurs, les JO furent anéantis par la décision d'un empire, l'empire chrétien de Rome. En effet, c'est à la fin du IVème siècle que Théosode 1er, empereur romain chrétien, les interdit dans le même geste de pouvoir où la religion chrétienne fut institutée par le pouvoir terrestre comme religion unique. Les compétitions sportives furent interdites sur l'ensemble du bel empire romain en même temps qu'étaient massacrés les prêtres des religions antiques. Les JO étaient compris comme propagateur du paganisme, c'est-à-dire du non-chrétien. D'où ce détestable « Religious Act » ou « Believer Act » [je ne sais comment dire, je ne connais pas l'anglais] de 394 après JC...

 
 
 

Bref, dès qu'on commence à s'interroger à partir d'un étonnement sur l'approximation de l'information, on peut aller loin dans l'analyse. Car telle approximation n'est pas ce qu'elle est au hasard. On n'est pas obligé de confondre Olympie avec Athènes. Sauf à oublier l'antiquité et limiter notre horizon historique à l'histoire récente des JO qui, effectivement, redémarrèrent à Athènes en 1896.

 
 
 

C'est encore plus manifeste dans le cas de la sous-disant démocratie athénienne. Omettre toute une frange - la plus nombreuse - de la population d'une cité comme fait José Saramago mérite l'attention. Cette distorsion d'information a sûrement un sens. Non pas justifier un anathème qu'on jetterait sur notre écrivain portugais - là n'est vraiment pas le propos. Mais comprendre ce qui ne se dit pas ici (monde capitaliste de l'orée du XXIème siècle) qui laisse la peau dure à cette omission séculaire.

 
 
 

On pourrait y voir la volonté souterraine d'enraciner notre vision du monde dans de lointaines figures politiques dont nous ne connaissons plus que quelques échafaudages intellectuels - ce qui a la mérite d'interdire toute vérification dans les faits... Sauf que nous avons quelques données démographiques sur l'Athènes du V/IVèmes siècles avant notre ère - celle-là même qu'on exhibe quand on parle démocratie - qui concluent à l'idée que les citoyens, les égaux ne représentent qu'une minorité de la population réelle de la cité.

 
 
 

Mais alors, pourquoi trahir ainsi la réalité historique telle qu'elle est construite à ce jour, pourquoi travestir la vérité historienne ? Et que cache cette trahison, ce travestissement ?

 
 
 

Une idée horrible me vient en tête, qui expliquerait bien des choses et permettrait, dans le même mouvement, de sauver la démonstration de José Saramago en l'argumentant comme malgré lui : les femmes et les esclaves de la démocratie athénienne d'il y a vingt-cinq siècles, ce sont les femmes et les exploités de la démocratie capitalistique d'aujourd'hui. Écoutez comment le patron des patrons parle des gens, des travailleurs, des chômeurs, des femmes, etc. Pas besoin de lire le Monde diplomatique ou la presse dite de gauche pour s'en convaincre. Même le Figaro n'hésite plus à publier les paroles odieuses du patronat. Le pouvoir dans la démocratie n'est pas "au centre de la cité", là où chacun peut prendre la parole s'il a quelque chose à dire - comme le rêvait les grecs (cf. les fameuses pages d'Hérodote). On sait qu'il est entre les mains du pouvoir économique. On sait que l'économie - c'est-à-dire quelques familles très riches de père en fils - dirige le monde. On sait que la vie d'un salarié a moins de valeur que l'avis d'un boursicoteur. On sait tout cela. On ne s'en émeut même plus !

 
 
 

Tout comme Aristote pouvait dire et écrire, sans qu'apparamment personne ne proteste, qu'un esclave n'est pas un homme, mais une chose. Tout comme Platon pouvait dire et écrire, sans qu'apparamment personne ne proteste, qu'une femme a juste un peu plus de valeur qu'un animal.

 
 
 

 


   

 
 
13 août 2004

EXILS

Je viens de voir le dernier film de Tony Galtif, Exils.

Beaucoup de musique, beaucoup de vie, beaucoup d'amour dans ce beau film.

Beaucoup de vérité simple et profonde aussi.

Cette idée, par exemple, qui vous vient naturellement à l'esprit en sortant de la salle de projection :

il y a pas de race entre les hommes,

           il n'y a que des racines...

 


5 août 2004

THÉSAURUS ACCUEIL & INSERTION JEUNES. Pour une gestion fonctionnelle de la documentation professionnelle en Mission Locale

       

Le travail présenté dans les deux articles qui suivent [Missions Locales Centre : THÉSAURUS ACCUEIL & INSERTION JEUNES et Missions Locales Centre (fin) : utiliser le thésaurus] fait suite à une intervention effectuée dans le cadre du plan de formation des agents des PAIO et Missions Locales de la région Centre, courant juin 1996. Ce qui ressort de cette intervention, c'est que la gestion documentaire constitue actuellement une surcharge pour cause de sous-effectif et de sous-équipement dans les structures d'accueil... Mais la reconnaissance de l'utilité de la documentation, pour comprendre et pour agir, est unanime. D'où un objectif fondamental - et quasi obsessionnel - pour les agents : savoir/pouvoir gérer mais sans la surcharge, ou du moins en minimisant cette surcharge au maximum.
D'où un projet de thésaurus, dont l'élaboration repose sur trois parti-pris :

  1. n'utiliser que des descripteurs " parlants " (directement issus du langage dit naturel des professionnels de l'accueil/insertion des jeunes) ;
  2. être court, construit sur la base d'un lexique de descripteurs en nombre limité (cent mots ou expressions ont ainsi été sélectionnés) ;
  3. présenter une architecture visible (les cent descripteurs s'organisent entre eux en dix champs de dix rubriques).

centre1Ce thésaurus permet plusieurs niveaux d'utilisation, du simple classement des documents à la recherche bibliographique dans les fonds documentaires du réseau, en passant par l'indexation des documents.

Thésaurus accueil & insertion jeunes : Un outil pour une gestion fonctionnelle de la documentation professionnelle des agents des permanences d'accueil-information-orientation et des missions locales. Région Centre. Document de travail / Bruno Richardot. - Lille : CUEEP-USTL, juin 1997. - 60 p.

Version pre-print : Thesaurus_ML_PAIO_Centre.pdf


AJOUT DU 10 OCTOBRE 2006

Suite à ce travail, un site documentaire a été construit sur l'ossature que fournissait le thésaurus. Il a vu le jour pendant l'année 2001-2002 (hébergé par la Région Centre). Une concertation avait été mise en place pour uniformiser la saisie au niveau de l'ensemble des structures... Mais cet élan a été rattrapé par le handicap congénital de la fonction documentaire : l'organisation de la documentation n'est pas une priorité pour les décideurs ! Début 2005, ces derniers ont mis fin à l'hébergement du site - qui n'est donc plus accessible. Beaucoup d'énergie pour rien, donc !

Reste un thésaurus, langage orphelin, ou plutôt langue morte...


5 août 2004

Missions Locales Centre : THÉSAURUS ACCUEIL & INSERTION JEUNES

         
L'idée d'élaborer un thésaurus accueil & insertion jeunes s'inscrit dans une histoire. Il convient donc dans un premier temps de situer la démarche dans son contexte.


Ce travail fait suite à...

Ce travail fait suite à une intervention effectuée dans le cadre du plan de formation des agents des PAIO et Missions Locales de la région Centre, courant juin 1996. Trois groupes ont été à cette occasion réunis en trois lieux de la région : un peu plus d'une structure d'accueil sur deux a participé à cette intervention. L'objectif de cette dernière consistait essentiellement à dresser un constat ouvert concernant les pratiques documentaires des agents des structures d'accueil. " Constat ouvert ", cela signifie constat à partir duquel une structuration de ces pratiques devenait possible (envisageable). Il s'agissait donc surtout d'écouter et de repérer, afin de proposer ensuite.
Ce qui ressort de cette écoute, c'est que la gestion documentaire constitue actuellement une surcharge pour cause de sous-effectif et de sous-équipement... Mais la reconnaissance de l'utilité de la documentation, pour comprendre et pour agir, est unanime. D'où un objectif fondamental - et quasi obsessionnel - pour les agents : savoir/pouvoir gérer mais sans la surcharge, ou du moins en minimisant cette surcharge au maximum.
Autre constat : les PAIO et ML font réseau, de fait et quel que soit l'échelon territorial où l'on se place. Quand deux professionnels de l'accueil/insertion des jeunes se rencontrent, ils se racontent des histoires d'accueil/insertion des jeunes... Les PAIO et ML ont d'ailleurs intérêt à faire et à entretenir réseau, vu le peu de moyens dont elles disposent individuellement.

Mais dialoguer entre soi sur ses pratiques professionnelles est une chose. Utiliser un langage documentaire commun pour gérer l'information en est une autre. Utiliser un langage stabilisé pour pouvoir dialoguer avec les instances documentaires de l'environnement du réseau, une autre encore.

Le présent document de travail veut promouvoir l'usage d'un tel langage documentaire commun stabilisé, selon le vœux des professionnels rencontrés en juin 1996. Car c'est bien la nécessité de disposer d'un outil type thésaurus qui était alors très rapidement apparue au fil de la discussion.

Un thésaurus est avant tout un langage...

Un thésaurus est avant tout un langage dont le système référentiel est "partagé" par une communauté définie, un langage utile au dialogue documentaire entre les membres de cette communauté. Or, dans le dialogue, il faut distinguer entre "ce dont on parle" et "ce que l'on dit". Pour que le dialogue soit fructueux, ou simplement fonctionne, deux conditions doivent être remplies : "ce dont on parle" et "ce que l'on dit" doivent faire l'objet d'un accord, d'une entente entre les dialoguants, l'entente sur "ce que l'on dit" n'étant possible que sur fond de l'entente (préalable) sur "ce dont on parle".

Analysant le déroulement du dialogue dans le Ménon de Platon, Paul Ricœur montre bien [Lors des Rencontres philosophiques de l'UNESCO de 1995] comment la confusion de ces deux niveaux conduit à des impasses dialogiques :

"Comment peut-on chercher ce qu'on ne connaît pas ? De cette question posée par Ménon, Socrate fait un dilemme : on ne peut chercher ni ce qu'on connaît, ni ce qu'on ne connaît pas. Dans le premier cas, la tâche est inutile, dans le second, elle est impossible, puisqu'on ne saurait même pas ce qu'il y aurait à chercher. Une fois conscient de la transformation ainsi opérée, on peut chercher chez Ménon, plutôt que chez Socrate, une manière de sortir du paradoxe du Ménon. Si le dialogue se débat dans les contradictions d'une définition de la vertu, en revanche il ne doute jamais qu'on puisse poser des questions au sujet de la vertu, et de sa capacité à être enseignée. Il est donc possible de distinguer entre un quoi, à la recherche d'une définition, et un ce sur quoi on s'est d'abord mis d'accord pour dialoguer. Notre ignorance porte sur le quoi, mais celui-ci n'est possible que sur le fond du ce sur quoi, qui délimite l'entente préalable à partir de laquelle la recherche pourra s'engager. Le sophisme consiste à envelopper le sur ce quoi l'on parle dans le doute qui frappe le quoi, c'est-à-dire les définitions de la vertu successivement avancées."

La fonction du thésaurus en général sera précisément de stabiliser une telle entente préalable [Paradoxalement, le thésaurus, ici caractérisé comme travaillant au niveau du préalable, est, dans le discours documentaire, un " instrument secondaire ". C'est que la philosophie herméneutique et la science de l'information ne s'intéressent pas au même objet : la première investit les conditions de la compréhension, la seconde les conditions de l'information. La démarche fondamentale du documentaliste - telle que je la préconise - serait ainsi une démarche à rebours, qui partirait de l'existence de facto de l'information pour en aménager les conditions de compréhension (idée d'une herméneutique documentaire : cf. Richardot Bruno, " Des pratiques bibliographiques à l'herméneutique documentaire : sens et référence en documentation ", Documentaliste - Sciences de l'information, 33/1, janv.-févr. 1996, p. 9-15).]. Et ce, à des fins tout à fait opérationnelles, à des fins d'identification " thématique " de documents, de la simple inscription d'un document dans la thématique large de l'accueil/insertion des jeunes à sa situation (ce dont il parle) dans le champ thématique, c'est-à-dire les possibilités d'articulations entre ce document et le corpus qu'il contribue à constituer (dialectique de la partie et du tout).

La force d'un thésaurus...

La force d'un thésaurus, c'est ce que l'on pourrait appeler sa réalité structurante : un thésaurus est un langage documentaire dont les éléments (les descripteurs, les mots-clés, les " mots porteurs " comme disait Dabya de la PAIO de Saint-Florent) " fonctionnent essentiellement selon leur rapport d'exclusivité signalétique - ce qu'on peut appeler leur pouvoir séparateur " [Varet Gilbert et Marie-Madeleine, Maîtriser l'information à travers sa terminologie, Besançon : Université de Franche-Comté, 1995 (Annales littéraires de l'Université de Franche-Comté ; 559), p. 429].

C'est pourquoi le terme 'partenariat', typiquement, ne saurait ici s'instituer descripteur : à l'intérieur du champ thématique qui nous intéresse, il n'est pas discriminant ; il englobe et ne sépare rien. Car l'idée même de PAIO/ML est une idée de partenariat ; qui dit réseau d'accueil/insertion jeunes dit travail partenarial entre instances et structures d'un territoire ; parler de PAIO/ML, c'est parler de partenariat ; etc. Bref, le mot 'partenariat' ne figure pas dans ce thésaurus. Le mot 'jeunes' (ou 'jeune' ou 'jeunesse') non plus, et pour le même ordre de raison.

Le thésaurus s'attache à marquer des séparations à l'intérieur du champ qu'il veut dénombrer. Pour ce faire, il dénomme, utilisant des mots, des expressions du langage professionnel en question pour les instituer descripteurs. Le premier parti-pris du présent thésaurus est de n'utiliser que des descripteurs " parlants ", c'est-à-dire directement issus du langage dit naturel des professionnels de l'accueil/insertion des jeunes. Aucun des descripteurs choisis n'est étranger aux pratiques langagières des ML et des PAIO.

Au cas où un terme serait peut-être étranger à ces pratiques langagières, ou bien serait ambigu dans sa compréhension, on peut toujours flanquer le descripteur (ou le synonyme - cf. le paragraphe suivant) d'une " note d'application ", symbolisée NA. Ainsi, il n'est pas évident au premier abord que, dans notre thésaurus, le descripteur transmission information désigne la transmission entre structures administratives d'informations concernant les publics accueillis et suivis. Aussi cette précision (précision d'usage et non de vérité conceptuelle absolue) est-elle portée après la mention NA sous le descripteur, dans la liste des descripteurs.

Le deuxième parti-pris de ce thésaurus, c'est d'être court, d'être construit sur la base d'un lexique de descripteurs en nombre limité : cent mots ou expressions ont ainsi été sélectionnés. Cent, c'est peu d'une part en comparaison des autres thésaurus sectoriels [un thésaurus est un langage documentaire fondé sur une structuration hiérarchisée d'un (ou plusieurs) domaines(s) de la connaissance ; on dira que le thésaurus est spécialisé ou sectoriel quand il se limite à un domaine particulier de la connaissance], d'autre part compte tenu de la pluralité thématique du champ qui nous intéresse. Ce thésaurus ne veut pas constituer un casse-tête pour les agents des PAIO et ML, mais bien plutôt un outil maniable.


Les synonymes

La contrepartie de cette limitation volontaire, c'est l'importance qu'il convient d'accorder à la synonymie et, par conséquent, le poids que les non-descripteurs vont prendre dans ce thésaurus.

En effet la synonymie fonctionne en général pour maintenir la possibilité de correspondances entre langage dit naturel et langage documentaire. Il n'y a de synonymes dans le langage documentaire que pour attribuer à un seul des vocables synonymes en langage dit naturel un pouvoir descriptif exclusif et renvoyer les autres vocables au magasin des non-descripteurs. Dans le présent thésaurus, 'CFI', par exemple, n'est que synonyme non-descripteur, au profit de parcours formation.

La synonymie fonctionne comme un rappel de " termes spécifiques " non pris en compte en tant que descripteurs. La raison est ici simple. Il s'agit de ne pas alourdir ce thésaurus - qui contient, en l'état, 100 descripteurs - pour qu'il reste maniable. Aussi quelques descripteurs (termes génériques) n'ont pas été déclinés par d'autres descripteurs (termes spécifiques), mais par des synonymes. Par exemple, revenu englobera 'indemnité chômage', 'rémunération stagiaire', 'revenu minimum insertion' et 'salaire'.

Pour faciliter l'usage du présent thésaurus, j'ai indiqué les cas de synonymie en intégrant les non-descripteurs usuels dans le langage dit naturel (en minuscules, pour les distinguer des descripteurs portés en majuscules) suivi de la mention EM (= employer) et du descripteur " autorisé ", aux listes " descripteurs et synonymes " de chaque champ ainsi qu'à la liste générale. À l'inverse, à l'endroit du descripteur " autorisé ", on trouvera la mention EP (= employé pour) et le synonyme non-descripteur.

Mais là où il apparaît clairement que le langage documentaire ne joue pas d'une référentialité ordinaire, c'est quand sont déclarés synonymes dans un thésaurus des mots opposés du langage dit naturel. On parle en documentation d'"antinomie ". En fait on part du principe que la personne qui s'intéresse à une notion s'intéresse de fait à la notion antinomique, celle-ci apparaissant comme un degré, ou une forme possible de celle-là. Ainsi, pour décrire un document qui parle d' 'exclusion', il conviendra d'utiliser le descripteur insertion.

Des termes hiérarchisés

Le troisième parti-pris de ce thésaurus est de présenter une architecture visible : les cent descripteurs (seulement cent : deuxième parti-pris) s'organisent entre eux en dix champs de dix rubriques.

Un " champ " est un " grand thème ", une facette importante de l'activité accueil/insertion des jeunes. Voici la liste des dix descripteurs principaux de ce thésaurus, descripteurs déclinés par neuf autres descripteurs :

  • 0. territoire
  • 1. insertion
  • 2. réseau accueil jeunes
  • 3. environnement économique
  • 4. emploi
  • 5. métier
  • 6. formation
  • 7. santé-social
  • 8. culture-loisir
  • 9. information-documentation

Dénommer ainsi dix champs relève de l'arbitraire du documentaliste concepteur du thésaurus, arbitraire conciliable avec la réalité pensée du secteur accueil/insertion jeunes. La logique qui a présidé à cette dénomination est explicitée plus loin.

À l'intérieur de chaque champ, dix descripteurs (dont le principal qui fonctionne comme titre global du champ) s'articulent selon une logique qui veut être " parlante " aux professionnels de l'accueil/insertion jeunes (premier parti-pris). Le mode d'exposition choisi est arborescent. Pour le champ 4, cela donne :

Ce mode d'exposition laisse voir la hiérarchie entre les descripteurs. Les relations hiérarchiques, figurées par un système de branches descendantes dans le schéma, sont, très conventionnellement, indiquées par les mentions TG (= terme générique) et TS (= terme spécifique) dans la liste des descripteurs. Ainsi pour politique emploi, son terme générique et ses termes spécifiques :

politique emploi
TG emploi
TS emploi-formation
TS mesure emploi
TS service public emploi

politique emploi est un terme spécifique du descripteur emploi (ce dernier est donc le terme générique de politique emploi). emploi-formation, mesure emploi et service public emploi déclinent le descripteur politique emploi, ils sont ses termes spécifiques, politique emploi étant leur terme générique.

Le deuxième parti-pris adopté pour confectionner ce thésaurus forcent cette règle de la hiérarchie de deux façons. Tout d'abord, on a vu plus haut que, pour honorer ce parti-pris, certains termes fonctionnent comme synonymes alors qu'ils auraient très légitimement pu être descripteurs (spécifiques). Ensuite, certains raccourcis de relations entre descripteurs se sont imposés, toujours pour honorer ce parti-pris. Ainsi pour le premier champ, intitulé territoire, entre le descripteur-titre et les descripteurs données démographiques, données sociales et données économiques, il y avait logiquement la place pour un descripteur qui subsument les données (descripteurs 'données', par exemple). Afin de laisser voir cette logique, le pseudo-descripteur est intégré (en minuscules et entre crochets) dans la structure arborescente du champ. Mais au bout du compte, les descripteurs données démographiques, données sociales et données économiques sont bien des termes spécifiques de territoire, de même qu'aménagement territoire qui est en lien direct avec territoire dans la structure arborescente du champ. Ce qui donne :

Indiqué en minuscules, le pseudo-descripteur 'données' n'est pas pris en compte dans la table générale des descripteurs :

territoire
TS aménagement territoire
TS données démographiques
TS données économiques
TS données sociales

Au passage, on aura noté que le descripteur territoire n'a pas de terme générique. En effet, c'est un descripteur qu'on dira " principal " (top terme), parce qu'il se donne comme titre au champ en question. Il en est bien sûr de même des neuf autres descripteurs de ce thésaurus qui fonctionnent comme titre global d'un champ.

Association des descripteurs

Plus haut, il apparaissait que la caractéristique des descripteurs, c'est qu'ils fonctionnent essentiellement selon leur rapport d'exclusivité signalétique - ce qu'on peut appeler leur pouvoir séparateur. Cela dit, des descripteurs différents inscrits dans des champs différents pourront très bien partager quelques propriétés sémantiques. D'où l'intérêt de la relation d'association (TA, terme associé) qui peut être marquée à leur endroit. Par exemple entre emploi-formation et niveau qualification :

emploi-formation
TA niveau qualification

niveau qualification
TA emploi-formation

Une autre façon de repérer les associations sémantiques à moindre frais: les descripteurs contenant deux ou plusieurs termes peuvent être signalés pour chacun de leurs termes (idée de la liste " inversée "). Le simple jeu lexical permet alors des rapprochements qui peuvent être utiles. Ainsi les termes 'jeunes' et 'jeunesse' par exemple, qui ne sauraient être institués descripteurs, sont cependant intégrés à cinq expressions, dont une est descripteur (marquée en majuscules dans la liste), et les quatre autres synonymes (c'est-à-dire renvoient à des descripteurs) :

  • jeunes [conseiller *
  • jeunes [correspondant *
  • jeunes [espaces *
  • jeunes [réseau accueil *
  • jeunesse [protection judiciaire *

L'étoile marque la place du mot d'entrée : " jeunes.......[conseiller * " invite à aller voir à l'entrée 'conseiller jeunes'.

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Devrait suivre le thésaurus proprement dit - disponible auprès de la DRTEFP Centre ou auprès de l'auteur des présentes lignes.

Suite...

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4 août 2004

Missions Locales Centre (fin) : utiliser le thésaurus

                

Ce thésaurus permet plusieurs niveaux d'utilisation, du simple classement des documents à la recherche bibliographique dans les fonds documentaires du réseau, en passant par l'indexation des documents.

Coter pour classer

Classer des documents sera possible par le marquage systématique de chaque document d'un symbole indiquant la place qu'occupe le document dans le système de rangement adopté. Ce symbole, c'est la cote.

Dans un premier temps...

Dans un premier temps, la cote pourra être constituée d'un nombre à deux chiffres suivi d'un suffixe littéral à trois caractères.

Le nombre à deux chiffres identifie le descripteur choisi pour caractériser le document, de 00 à 99. Il s'agit de pratiquer ici le jeu du descripteur unique : un document n'a droit qu'à un seul descripteur. Ce jeu est facile dans certains cas, comme pour l'ouvrage de Gérard Mlékuz cité en avant-propos [Les missions locales pour l'insertion professionnelle des jeunes, Lille : ustl-cueep, octobre 1985, 107 p. (les cahiers d'études du cueep; 4)] dont le titre renvoie sans ambiguïté au descripteur mission locale : le nombre à deux chiffres qui ouvre la cote de cet ouvrage sera donc 21. Il en sera de même pour tous les documents qui parlent de mission(s) locale(s), comme l'ouvrage de Pierre Verharne, Missions locales du Nord-Pas de Calais 1982-1995. Arrêts sur images, [s.l.] : [s.n.], juin 1995, 130 p.

Les trois lettres qui suivent ont deux types de signification possibles selon que l'auteur du document est un auteur "physique" ou un auteur "institutionnel". Dans le premier cas, les trois lettres sont tout simplement les trois premières lettres du nom de l'auteur du document. Ainsi l'ouvrage de Gérard Mlékuz déjà cité sera coté 21MLE, et celui de Pierre Verharne 21VER.

Dans le cas d'un auteur institutionnel, il convient de se mettre d'accord tout de suite sur une nomenclature de base :

 

  • CRP
  • document d'origine Communauté Européenne (tout document, qu'il émane d'instances politiques ou techniques)  
  • DPT
  • document d'origine Conseil Général (y compris document à caractère technique, émanant des services)  
  • MNC
  • document d'origine municipale ou intercommunale (y compris document à caractère technique, émanant des services)  
  • PRD
  • document d'origine Préfecture de Département (et services déconcentrés)  
  • PRR
  • document d'origine Préfecture de Région (et services déconcentrés)  
  • RGN
  • document d'origine Conseil Régional (y compris document à caractère technique, émanant des services)  
  • TXT
  • document à caractère réglementaire, juridique ou conventionnel (en général, issu d'organes ministériels ou interministériels) 

    Ainsi l'accord-cadre national entre l'ONISEP et la DIJ du 18 juillet 1994 sera coté 16TXT, de même que la note d'orientation entre la DJVA et la DIJ sur le rapprochement du réseau d'information jeunesse et le réseau d'accueil des ML et PAIO du 15 février 1995. Tout document concernant ce que le thésaurus appelle le réseau information et émanant d'organes ministériels ou interministériels portera cette cote.

    Pour plus de finesse...

    Pour plus de finesse, pour une précision maximale, on pourra compléter le système "deux chiffres + trois lettres" d'une indication temporelle, d'une façon tout à fait classique quand il s'agit de permettre un classement chronologique : deux chiffres pour l'année, deux chiffres pour le mois, deux chiffres pour le jour. Bien sûr ce complément sera construit en fonction des données disponibles sur le document : là où les textes officiels portent une date complète, les ouvrages se contentent très souvent d'une indication d'année d'édition, rarement complétée par l'indication du mois.

    Ainsi l'accord-cadre national entre l'ONISEP et la DIJ du 18 juillet 1994 sera coté 16TXT940718, ce qui permettra de la distinguer de la note d'orientation entre la DJVA et la DIJ sur le rapprochement du réseau d'information jeunesse et le réseau d'accueil des ML et PAIO du 15 février 1995, cotée 16TXT950215. Pour ces textes, la date complète fait partie du titre du document et il suffit de rétablir l'ordre année/ mois/jour.

    Par contre, l'ouvrage de Gérard Mlékuz verra sa cote complétée sous une forme plus réduite (21MLE8510 et 21VER9506 pour celui de Pierre Verharne). Pour ces documents, l'indication année/mois est lisible sur la page de couverture.

    21MLE8510, parce que c'est un numéro de "périodique" (à savoir le numéro 4 des Cahiers d'études du cueep) et que les numéros de périodique portent généralement une précision de type année/mois ;

    21VER9506, parce que c'est ce qu'on appelle de la littérature grise (c'est-à-dire littérature non systématiquement diffusée en librairies, comme rapports de recherche, mémoires et thèses universitaires, textes d'orientation politique, etc.) et que ce type de littérature porte généralement lui aussi une précision de type année/mois.

    Enfin, pour un ouvrage comme Guy Roustang, L'emploi : un choix de société, Paris: Syros, 1987, 144 p. (Alternatives économiques), la cote "complète" sera réduite à 46ROU87 (46... pour politique emploi, ...ROU... pour Roustang et ...87 pour 1987). Cette cote est complète, au sens où le document n'apporte aucune précision supplémentaire qui permette de le dater plus finement. En règle générale concernant les ouvrages publiés chez les éditeurs et diffusés en librairies, seule l'année d'édition est indiquée. Il suffit de repérer le copyright qui se trouve d'habitude au verso de la page de titre (en bas), et de reproduire la mention de lieu d'édition, de nom d'éditeur et d'année d'édition (c'est-à-dire ce que les documentalistes appellent l'"adresse") qui y suivent le symbole © - ce dernier authentifiant l'information.

    Le plan de classement

    Les documents ainsi cotés trouveront tout naturellement leur place, chacun la sienne, dans un plan de classement cohérent avec la logique du thésaurus (dans l'ordre numérique des descripteurs).

    Indexer pour connaître

    Classer n'est pas connaître. Le jeu du descripteur unique n'a été pratiqué ici que pour classer. Le problème, c'est qu'un document n'est que rarement monothématique : l'analyse documentaire attribue généralement plusieurs descripteurs à un document. Ainsi pour savoir ce dont parle l'ouvrage de Pierre Verharne, il conviendra de mobiliser un certain nombre de descripteurs (mission locale, certes, mais aussi territoire, situation emploi, formation, réseau accueil jeunes, parcours formation, etc.) qui renvoient à autant de thèmes traités par l'ouvrage.

    L'activité documentaire se complexifie donc : le jeu du descripteur unique est dépassé par l'indexation et devient jeu du descripteur principal. Si classer n'est pas connaître, il est clair que pour classer il convient de comprendre le document : parmi les descripteurs attribués, la pratique de classement va devoir choisir celui qui caractérise le document dans sa globalité ou plutôt dans sa pertinence.

    La pertinence d'un document, c'est son intérêt (pour l'action) dans le cadre d'une activité déterminée. La caractérisation globale d'un document n'existe pas en soi, n'est pas donnée une fois pour toutes (sauf peut-être ce qui s'écrit dans la référence bibliographique minimale ; mais de toute façon pas la caractérisation issue de l'analyse documentaire). Il n'y a pas d'analyse documentaire "objective" et définitive. Le même document a toutes chances d'être indexé différemment selon les caractéristiques de l'instance documentaire qui indexe. L'ouvrage de Pierre Verharne n'aura pas le même appareil de descripteurs dans le service documentation du CHR de Lille et dans l'un des six Centres de Ressources Documentaires de l'IUFM d'Orléans-Tours. Bref, la connaissance est toujours située dans l'horizon d'une activité, voire dans la perspective d'une action.

    Le travail - dont le présent document veut être une étape - ne consisterait-il pas précisément à construire des outils documentaires de connaissance qui seraient d'emblée dans un horizon commun aux agents PAIO-ML, mais aussi d'installer des pratiques documentaires dans une perspective collective ?

       

    Rechercher pour agir

    C'est bien l'activité "accueil/insertion jeunes" qui légitime et finalise toute action entreprise dans une ML ou une PAIO. Et il n'y a pas de raison pour que la pratique documentaire échappe à cette vérité pratique. Cette dernière s'exprimera dans toute sa force au moment de la "recherche documentaire pour l'action". 

    Imaginons que la fonction documentaire dans une structure d'accueil a produit un catalogue informatisé de son fonds. Imaginons aussi que, dans cette structure, un nouveau partenariat s'instruise, qu'un nouveau plan d'action se dessine. Il suffira alors au professionnel en charge du dossier de dégager les descripteurs correspondant à la problématique de cette nouvelle action (c'est-à-dire traduise le langage professionnel en langage documentaire) pour entamer une recherche sur le fonds documentaire de sa structure. Il aura ainsi à sa disposition un ensemble de documents dont la lecture lui permettra de ne pas partir vers l'inconnu, mais d'engager une action innovante en appui sur une connaissance (compte rendu d'expériences similaires, réflexion sur la problématique en question, etc.). Je n'insiste pas. Ici la fonction documentaire atteindra son but : outiller l'action.

    Un outil ouvert

    Langage documentaire, un thésaurus est d'abord un outil, un outil pour l'action. Le présent thésaurus est un outil ouvert : ouvert parce qu'expérimental, ouvert ensuite parce que continuellement perfectible, ouvert enfin parce que permettant des prolongements techniques presque illimités.

    Un thésaurus expérimental

    Le thésaurus, dans son état actuel, demande à être validé par les professionnels de l'accueil/insertion des jeunes de la région Centre.

    Il est expérimental, son élaboration (structuration et choix des descripteurs) reposant sur des hypothèses de travail qu'il reste à confirmer ou infirmer. D'autre part, il y a sûrement des synonymes à intégrer, des associations supplémentaires à introduire ainsi que des notes d'application à ajouter.

    Cette lourde tâche, à l'ordre du jour des rencontres de juin et septembre 1997, devrait aboutir à une première stabilisation du thésaurus.

    Dispositif de mise à jour du thésaurus 

    Mais, dans la mesure où tout d'abord un thésaurus (n') est (qu') un outil au service de l'activité, et où ensuite l'activité n'est pas définie une fois pour toutes dans ses détails, la "mise à jour" du thésaurus apparaît comme une nécessité. Elle peut s'effectuer sous deux modes complémentaires : travail sur les synonymes et travail sur les descripteurs.

    Actualiser le système de synonymie

    Actualiser le système de synonymie dans un thésaurus, c'est aménager autant de passerelles qu'il convient entre langage dit naturel (langage dans l'action, langage professionnel, langage sectoriel, etc.) et langage documentaire. Si ce dernier rend bien compte de la logique d'action des professionnels, l'évolution (inévitable ?) du langage professionnel ne remettra pas forcément en cause la structure du langage documentaire. Il pourra suffire d'indiquer les liens entre les nouveaux termes du langage professionnel et les termes du langage documentaire.

    Modifier les descripteurs

    Il faut en effet éviter de modifier les termes du langage documentaire. Tant qu'il est possible d'actualiser par des synonymes, c'est-à-dire par des non-descripteurs, aucun problème ne se pose. La démarche est celle qu'indique le paragraphe précédent.

    Par contre, il est possible qu'au fil du temps un descripteur se vide de toute référence à l'activité professionnelle, ou que cette référence s'altère significativement. Dans ce cas, et dans ce cas seulement, il s'avérera nécessaire de modifier, à cet endroit précis, le langage documentaire - mais en prenant garde que cette modification n'altère pas le "système" descriptif que constitue le thésaurus. En présence d'une telle altération, c'est l'ensemble du thésaurus qui doit retrouver un équilibre, c'est l'ensemble du thésaurus qu'il faut repenser...

    Vers un collectif documentaire

    Les modalités d'actualisation synonymique et de modification descriptive répondent à la philosophie globale du thésaurus. Autant dire qu'elles participent nécessairement des prérogatives des utilisateurs, les professionnels de l'accueil/insertion des jeunes.

    D'où l'idée simple de la nécessité de la constitution d'un collectif documentaire du réseau d'accueil/insertion jeunes (de la Région Centre, à moins que l'ensemble du réseau national ne s'approprie cet outil) chargé notamment de ce travail d'actualisation synonymique et de modification descriptive. Reste qu'ici l'aide de documentaliste(s) professionnel(s) s'avérera très utile.

    Ce collectif devra travailler à la mise à jour du thésaurus, mais en prenant de nombreuses précautions, étant donné l'ampleur du travail et des répercussions de ce travail sur les pratiques documentaires qu'il étaye. La suppression d'un synonyme - et à plus forte raison la modification d'un descripteur - devra être mûrement pensée avant d'être décidée. En effet, un fonds documentaire n'est pas seulement lié à l'activité présente des professionnels. Il conserve aussi la mémoire de l'activité passée.

    C'est l'historicité des outils documentaires qui est ici visible : non seulement tout outil documentaire porte trace de ses conditions sociales et historiques d'élaboration (ce qui légitime la nécessité de mise à jour), mais encore tout outil documentaire est utile à la mémoire (ce qui légitime la prudence dans la mise à jour)...

    Catalogage informatique des fonds documentaires

    L'indexation, comme structuration de la recherche documentaire, n'a véritablement de portée que dans le cadre d'une informatisation du catalogue.
    Imaginons donc les PAIO et ML dotées d'équipements ad hoc.
    L'avantage de l'informatisation du catalogue (les documents ayant été indexés) vient de la capacité de combiner des descripteurs, grâce à ce qu'on appelle les trois opérateurs "booléens" (ET, OU, SAUF). Rechercher de l'information documentaire sur un catalogue informatisé, c'est élaborer l'"équation de recherche". Or pour élaborer une équation de recherche, il faut déjà avoir traduit les termes de la problématique professionnelle dans le langage documentaire, c'est-à-dire en descripteurs. Élaborer l'équation consistera à combiner les descripteurs choisis de façon à obtenir la réponse la plus pertinente à la question posée.
     

    Région Centre et Lille, 1996/1997 


     

     

     

     
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